D'une manière ou d'une autre

4 mai 2018
- 5 minutes de lecture -


Me revoilà avec un article humeur, maternité mais humeur car j'avais besoin de vous en parler, de m'exprimer sur ce sujet sensible qui me touche au plus haut point. Et je suis sûre et certaine que je ne suis pas la seule, je suis sûre que beaucoup d'entre vous, qui allez me lire, se reconnaitront, un peu, moyennement ou totalement.
J'aurai pu l'appeler "Cette cicatrice à jamais" ou "Ce corps qui me hante" ou même encore "J'ai mal" mais j'ai préféré laisser la raison placer le titre de ce billet.
J'avoue avoir un peu peur de publier cet article car je suis de nature pudique et oser dévoiler cela est pour moi un grand pas. Mais j'ai besoin de le faire. Une façon pour moi de me libérer de cette domination.

L'accouchement est magique mais peut mal tourner. 
Le mien a mal tourné aussi bien physiquement que psychologiquement.
Mon accouchement s'est terminé en césarienne. 
J'ai eu des contractions très violentes pendant plusieurs jours en plus des contractions d'entrainement.
Je n'ai pas réussi à les maitriser. C'était très long pour nous. 
On avait envie que cela en finisse vite et passer à autre chose mais l'équipe médicale a préféré laisser continuer la nature.

3 jours de douleurs. C'était dur physiquement et psychologiquement.
Comment cet enfant allait venir au monde ?
D'une manière ou d'une autre, il fallait le sortir de mon ventre.

Je pensais à tout sauf à ça, la césarienne. 
A tout, sauf que la césarienne m'a empêché de prendre mon bébé dans les bras, dès sa venue au monde.
Cette césarienne qui m'a empêché d'être aux côtés de mon bébé pendant ses premières heures de vie.
Je ne l'ai vu que 5 secondes.
Je n'ai eu droit qu'à un regard de 2 secondes puis un joue contre joue de 3 secondes.
Ces lignes, que je vous écris, me font mal au coeur.
Mais ces lignes, j'ai besoin de vous les écrire, 14 mois après. 
J'ai les larmes aux yeux, mais je dois être forte, car mon bébé fait la sieste à l'heure où je vous écris
et il ne va pas tarder à se réveiller, pour le goûter.

J'avais les bras attachés sur des plaques, pendant la césarienne.
Il est parti avec l'équipe, rejoindre son papa, mon mari.
Et moi, on m'a emmené dans une salle de réveil.
Je ne sentais plus mes jambes, ni mon ventre.
Mes membres étaient fortement anesthésiés.
 J'ai dû patienter 3 heures, que tout se réveille, pour que l'équipe me ramène dans ma chambre, 
là où j'ai pu retrouver ma nouvelle petite famille, qui m'attendait.
Ces 3 heures m'ont meurtries.

J'ignorais la convalescence, si longue, de la césarienne. 
Aujourd'hui j'ai encore mal. J'ai encore mal physiquement et psychologiquement.
Plus d'un an après, mes cicatrices (externe et interne) me font encore mal.
A la maternité, je n'arrivais pas à me lever pour aller faire les soins à mon bébé.
Je n'arrivais pas à le prendre depuis son berceau, dans mes bras pour le nourrir.
Je devais à chaque fois appeler quelqu'un pour le faire à ma place.
Mon mari était là aussi, nous avions pris une chambre double pour nous.
Il dormait toutes les nuits du séjour à nos côtés.
C'était rassurant, hyper important et rassurant, pour moi.

On m'a dit "Tu verras, tu oublieras."
Mais je crois que je n'arriverai jamais, ô grand jamais, à oublier ces instants douloureux qui furent pour nous.
J'ai eu, chaque mois, pendant au moins 9 mois, mon accouchement qui me revenait à chaque anniversaire du mois.
C'était pénible. C'était déroutant.
Me disant sans cesse que l'on m'avait volé mon accouchement.
J'ai appelé ma gynéco, lui demandant de m'expliquer ces choses qui m'ont perturbés et elle a pu m'aider à me faire une raison, car j'ai su.
J'ai su pourquoi tout s'est déroulé ainsi.
Mais..... cette cicatrice reste encrée dans ma mémoire.
Je n'oublie pas.
Je n'oublierai pas.
Et puis maintenant, tout est écrit ici.

Il y a aussi ce nouveau corps, que je tente d'apprivoiser. Ce corps que je ne reconnais plus. Ce corps qui m'est étranger. Ce corps qui me hante.
D'une manière ou d'une autre je vais devoir vivre avec.
Pour l'instant, c'est encore très dur pour moi, car je ne l'accepte pas.
Je n'accepte pas mon nouveau corps.
Je ne l'aime pas.

20 kilos qui sont partis trop vite, et la peau n'a pas suivi.
J'ai la peau flasque.
Ventre, poitrine, bras, cuisses et dos, plus rien n'est ferme comme avant.

J'ai toujours ce ventre (comme vous pouvez le constater sur les photos).
Ce ventre de femme enceinte.
Ce ventre empreint de nostalgie.
Il ne s'en va pas.
1 an après, il ne s'en va pas.
Cela me dérange, cela me fait souffrir psychologiquement.

Mais d'une manière ou d'une autre, il va falloir que je me batte, encore une fois.


Qui se bat, comme moi ?
8 commentaires on "D'une manière ou d'une autre"
  1. Je suis encore nullipare mais comme beaucoup de femmes je crois, l'accouchement est terrifiant. L'acte en lui l'est car il est plein d'inconnu et la manière dont on va se réconcilier avec son corps ensuite. Un tel bouleversement... J'espère un jour avoir le cran de vivre sereinement ma grossesse et je te souhaite plein de courage et de force !

    Bien à toi,
    Line
    https://la-parenthese-psy.com/

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    1. Merci beaucoup Line pour ton commentaire. De plus, je vois que tu es psy. Merci pour ta lecture.
      <3 sur toi !
      Sophie

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  2. Salut, ça me touche beaucoup parce que moi aussi je le bats comme toi. (Nos enfants ont le même âge d’ailleurs)
    Accouchement par voix basse, mais il a tout déchiré sur son passage et épisiotomie en plus. La douleur était atroce, je ne pouvais pas bouger, ni m’assoire, je ne pouvais être qu’alongée. Impossible de m’occuper de mon bebe. Et 10jours après, les médecins se sont aperçu que ça n’avait pas cicatrisé donc opération en urgence. Retour à l’hopital. J’ai mis 1mois et demi pour remarcher normalement. Je n’ai pas pu allaiter comme je le souhaitais et m’occuper de mon fils les premières semaines de sa vie. Malgré la douleur c’est finalement ça qui me marque le plus.
    Aujourd’hui mon périnée est fragile et m’handicape pour certaine chose comme porter des objets lourds.
    Bref courage à toi, je comprends totalement ce que tu vis et tu n’es pas seule. On doit vivre avec. Mais ce qui me remonte le moral c’est de m’en dire que si je devais le refaire pour avoir mon bebe je le referais.

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    1. Merci de me comprendre et en te lisant, je te comprends aussi. Serrons-nous les coudes (mais ton com est en anonyme du coup je ne sais pas qui tu es) ;-)
      Tu as du souffrir physiquement plus que mois, et ton pauvre périnée, mince alors.
      Par contre, je ne sais pas si je devais le refaire si je prendrais ce type de prise en charge avec plus de recul sans m'affecter psychologiquement. C'est trop tôt pour le sentir.
      Bisous

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  3. Hello ma belle,
    Ca a vraiment être dur pour toi de ne pas pouvoir toucher ton enfant après ta césarienne. Et puis trois jours de douleur, je ne sais même pas comment tu as fait.

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    1. Coucou,
      Oui ça a été dur de ne pas pouvoir le toucher directement et de devoir attendre 3h pour le faire. La douleur est encore présente mais moins. Mais elle a duré pas mal de temps, je marchais pliée en deux et quand je portais mon bébé, il poussait avec ses pieds sur mon ventre et ma cicatrice. De plus il avait beaucoup besoin de le porter.

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  4. Coucou ma belle, je découvre ton article à pile 32 SA de grossesse . L'accouchement j'y pense, je pense comme toutes les femmes enceintes. Des le début je pensait devoir subir une césarienne , récemment une merveilleuse SF m'a rassurée en me disant que non pas forcément . Alors, moi qui suit térorrisée à l'idée d'une cesa ton article m'a beaucoup émue . Je te souhaite de réussir à passer au dessus de ces douleurs et de gagner ton combat contre cette césarienne . Gros bisous

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    1. Oh merci beaucoup, cela me touche :-)
      Je te souhaite plein de courage pour ta fin de grossesse et surtout pour ton accouchement (tiens moi au courant)
      Bisous
      Sophie

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