Prévenir les douces violences

7 janvier 2018

Pour introduire ce sujet, "Douce violence" est un oxymore. C'est une figure de style qui réunit 2 mots en apparence contradictoire.

Sans nous en rendre compte, nous pratiquons tous, à un moment donné, avec un enfant, qu'il soit le nôtre ou celui que l'on nous aura confié.

Au cours de mon apprentissage d'assistante maternelle en crèche et pendant mes études au CAP Petite Enfance, j'ai pu être entourée d'Educatrices de Jeunes enfants fortes dans leur métier.
J'ai pu écouter leur conseil et me perfectionner.

Ce que je retiens est que l'on éduque pas un enfant mais on l'accompagne et il est INUTILE d'être strict, sévère ou vouloir faire preuve d'autorité.
Cet accompagnement doit être réalisé de façon positive.

Je sais bien que ce n'est pas à l'assistante maternelle de remplacer le rôle de parent mais je viens ici en tant que maman pour vous dire que c'est vous même qui avez la responsabilité de l'accompagnement de votre enfant vers l'autonomie.

Cela est aussi applicable en tant que parents et je vais vous délivrer quelques clés que j'ai pu apprendre.

Ce n'est pas pertinent de se rendre compte que l'on pratique des douces violences. Le meilleur moyen est de se mettre à la place de l'enfant et de se demander si nous aimerions subir ces remarques. 

Ne restez pas dans le déni mais de noter mon information et d'y réfléchir posément en quoi cet acte serai une douce violence, en quoi elle insécuriserai l'enfant, en quoi elle le déconnecterai de l'adulte et comment y remédier. 

Qu'est ce que ce n'est pas ?
Ne prenez pas peur ! Les douces violences du quotidien ne sont pas des châtiments corporels comme les fessées, les coups, ou encore de la maltraitance ! 
Ce sont plutôt des actes brefs et fréquents que l'adulte pense être anodin et qui mette alors l'enfant ou le bébé en insécurité affective. Hé oui, on ne dirait pas comme ça. 
L'enfant n'exprime que ce qu'il reçoit intérieurement et ne va pas pleurer parce qu'il aura subit une douce violence.


Mais qu'est ce que c'est alors ?
Ce sont des paroles blessantes, des jugements, des a prioris et des gestes maladroits.
Elles ne sont pas à destination de nuire à l'enfant et pourtant il les reçoit et le déconnecte de l'adulte aimant et l'isole affectivement.
C'est quasi inconsciemment que sont réalisées ces douces violences par l'adulte. Pourquoi ? Il a sans doute lui même été confronté à de douces violences dans son enfance qui se sont banalisées dans sa tête.


Dans notre comportement
- Moucher un enfant SANS le prévenir
- Appeler un enfant UNIQUEMENT par des surnoms, sans respecter son identité réelle
- Juger par dévalorisation
- Forcer un enfant à faire un bisou
- Parler d'un enfant à la 3ème personne alors qu'il est au milieu de la conversation
- Critiquer ouvertement un proche de sa famille devant lui
- Crier si un enfant fait une bêtise
- Faire des transmissions UNIQUEMENT négatives
- Comparer les enfants entre eux



Pendant les repas
- Forcer un enfant à manger 
NB : un enfant ne se laissera jamais mourrir de faim. Il ne veut pas manger ? Soit. Laisser le tranquille vaquer à ses occupations.
- Faire du chantage
- Supprimer le dessert si un enfant ne termine pas son plat
- Déshabiller un enfant pour ne pas se sâlir à table
- Mélanger les aliments entre eux dans son assiette et ne pas lui laisser la découverte individuelle des goûts
- Laver le visage d'un enfant avec un gant d'eau froide SANS le prévenir et par derrière
- Racler la bouche d'un enfant avec sa petite cuillère
- Empêcher un enfant de manger tout seul parce qu'il va se salir
- Attacher une serviette au cou d'un enfant en lui baissant la tête
- Empêcher un enfant de dormir parce que c'est l'heure du repas NB : le sommeil est plus important que de se nourrir
- Mettre un enfant au lit car il ne veut pas manger NB : nous risquons de créer des blocages alimentaires et des blocages niveau sommeil, car il va associer une punition au fait de devoir dormir s'il ne veut pas manger et au fait d'être puni au lit en associant le sommeil comme punition.
J'ai appris que l'on ne devait pas punir un enfant et encore moins l'envoyer dans sa chambre car cela ne ferai qu'empirer son psychisme, mais ça c'est un autre sujet.




Au moment du coucher
- Forcer un enfant à dormir
- Laisser un enfant hurler seul dans son lit à barreaux
- Ne pas le coucher quand il a sommeil
- Le réveiller rapidement sans explication
- Discuter fort alors qu'il vient de se coucher
- Laisser un enfant seul dans son lit, alors qu'il est réveillé et que nous sommes occupés

Ce que j'ai appris : Le coucher est sans doute un moment assez compliqué avec des tous petits. Veillons à ne pas tenter de les coucher, juste pour être un moment en paix. Si vous ne communiquez pas avec l'enfant, ce moment peut devenir un casse tête. 

Personnellement, j'ai utilisé mon savoir pour coucher mon bébé, et lorsque ce moment vient, il est comme une étoile de mer que l'on pose dans une turbulette.
S'il est amené à ne pas vouloir dormir, je le relève et je le prend un peu au salon avec nous. 1/4 d'heure après, bien souvent, le vrai moment vient et il s'endort.
Au moment du coucher, lorsque qu'il montre des signes de fatigue, je lui ai toujours dit (depuis sa naissance) qu'il était maintenant fatigué, qu'il avait besoin de dormir, que j'allais le poser dans son lit avec son doudou et sa tétine, un calin d'avant dodo (très important) puis un bisou et bonne sieste ou nuit et à toute à l'heure. Et cela se passe très bien.



Pendant le change 
- Dire à l'enfant qu'il sans mauvais ou qu'il pue et qu'il est sale
- Sentir les fesses de l'enfant et lui dire qu'il sent mauvais

Ce n'est pas de sa faute ! Les soins de nursing, comme on le dit dans le jargon de professionnelle de petite enfance, sont effectués par l'adulte car la motricité de l'enfant ne lui permet pas d'agir seul. Il est dépendant de l'adulte et l'adulte est là pour l'accompagner en lui prodiguant ces derniers, sans jugement. Même s'il est petit, respectons le, personne n'aime être dépendant de quelqu'un, pas même un petit enfant. 
Mettons nous à sa place, que dirions nous, si on nous disait qu'on l'on sent mauvais, la culotte pleines de selles sans que nous puissions y remédier seul ? Ne serait-ce pas humiliant ?

NB : un enfant comprend TOUT même s'il est petit, même s'il n'a que quelques mois, quelques semaines ou encore quelques jours.

- Prendre l'enfant et aller le changer sans le prévenir
- Ne pas communiquer avec l'enfant lors du change
- Parler avec un autre adulte pendant qu'on lui change sa couche et l'ignorer
- Faire des commentaires sur le corps, son anatomie, sur son hygiène, sur ses petits bobos
- Empêcher l'enfant d'aller aux toilettes
- Laisser longtemps l'enfant sur le pot, jusqu'à ce qu'il ait fait ses besoins dedans
- Gronder l'enfant s'il a refait caca dans sa couche, alors que l'on vient de le changer 
NB : J'ai appris qu'un enfant n'aime pas faire une selle dans une couche déjà souillée de pipi, mais préfèrera se retenir et faire dans une couche bien propre. N'est-ce pas plus agréable ? SI !!



Pendant les jeux et les activités
Les jeux et les activités ont pour but d'apprendre en prenant du plaisir. Si l'enfant 'est pas disposé à participer, respectons-le. Il faut toujours se mettre à son niveau et lui parler calmement avec bienveillance pour comprendre ce qu'il ressent.
- Forcer l'enfant à faire une activité
- Lui mettre la pression pour qu'il se dépêche de finir son activité
- Comparer les prouesses des enfants entre eux NB un enfant ne se compare pas bien que la majorité des personnes adore faire ça.
- Faire culpabiliser l'enfant car il refuse de faire une activité
- Ne pas laisser l'enfant emporter un jouet de sa chambre, qui lui tient à coeur, pendant une sortie
- Faire des commentaires négatifs sur les acquisitions de l'enfant
- Corriger ou modifier un dessin ou une fabrication personnelle de l'enfant



Conclusion
Il faut toujours valoriser l'enfant et le féliciter dans ce qu'il entreprend. Il aura alors une confiance en lui certaine non négligeable.
Respecter ses envies, ses besoins, ne feront pas de lui un enfant roi, mais une personne, digne de ce nom, qui aura confiance en lui et qui saura se construire à sa juste valeur.



Moi aussi, parfois, je pratique des douces violences, et après coup, je me dis que j'aurais plutôt dû faire comme ça. Ensuite, dès que je me retrouve face à cette même situation, je rectifie.

Aidons-nous à réfléchir sur ces petits comportements que nous avons au quotidien qui nous paraissent anodins mais qui mettent les enfants en insécurité affective. 

Ca laisse des traces.

Credit photos : Pixabay

N'hésitez pas à partager vos anecdotes ici en commentaire, et échangeons ensemble pour une meilleure bienveillance.

Il n'y aura PAS de jugement ici mais de l'échange et du partage.
10 commentaires on "Prévenir les douces violences"
  1. Je suis totalement d'accord avec toi. En fait, la bonne question à se poser c'est : si nous devenions impotents, que pourrions-nous accepter de la part des personnes qui s'occuperaient de nous. Un bébé est une personne digne, au même titre que nous.

    Comme tu dis, nous sommes leurs guides, pas leurs chefs. Et là aussi, dans le cadre du travail par exemple, acceptons-nous qu'un manager nous traite comme nous traitons nos enfants ?

    Bref, c'est un sujet qui me tient à cœur, moi aussi ! 😉

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    1. Oui exactement !
      Merci beaucoup Alexandrine pour ton passage. Je suis ravie que ce sujet te plaise autant qu'à moi ;-)

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  2. Je n'ai pas d'enfants, mais je ne me rendais pas compte de comment de simples gestes peuvent au final influencer de manière négative l'enfant.. Très bon article de réflexion ..! A bientôt ! :)

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    1. Merci beaucoup Alice, c'est vrai que c'est très dur de se corriger au quotidien tellement ces gestes comme tu dis simples sont néfastes à l'enfant.
      A bientôt et merci pour ton passage.
      Sophie

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  3. Je n'ai pas de gosse, mais je ne suis pas forcément d'accord avec tout ;) Quand un enfant est insupportable, parfois, lever la voix est le seul moyen de lui faire peur et de le calmer (sinon y a le congélo) (je plaisante hein). Quand j'étais petite, les avertissement un peu mou du g'nou ne me faisaient ni chaud ni froid, en revanche quand on commençait à gueuler là je m'arrêtais et je consentais à obéir ;)

    Par contre la comparaison perpétuelle ça me pétait les bonbons oui ça je me souviens. Quand ma mère comparait les notes, ou quand elle me disait que une telle était plus mature (KIKOU JE SUIS DE DECEMBRE ET UNETELLE DE JANVIER STEUPLAIT ON A QUASIMENT UN AN DE DIFFERENCE QUOI) ;)

    Sinon par contre quand le mioche braille dans son lit, je serais plutôt du genre à dire que si on le laisse brailler il s'arrêtera tout seul :D
    Quand je vais chez ma meilleure amie et que ses filles nous pompent l'air à hurler etc. je lui dis "laisse-la hurler elle va s'arrêter", mais elle y va quand même... du coup elle est obligé de s'interrompre toutes les 2 minutes pour aller voir ce qu'il se passe, du coup j'te dis pas comment c'est simple d'avoir une discussion sans interruption et sans se dire "on en était où déjà", et le temps de retrouver, bah "OUIIIIIIIIIIIIN" -_- lol
    Bref, c'était la minute "j'aime pas les gosses, ou alors je les aime bien avec une petite sauce barbecue" :P

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    1. Concernant le fait de crier n'amène a rien si on parle simplement mou mais il faut ensuite détourner l'attention de l'enfant vers autre chose pour qu'il puisse s'occuper à autre chose. Si l'enfant est insupportable c'est qu'il nous envoi un signal pour nous dire qu'il s'ennuie et qu'il a besoin qu'on lui propose de quoi s'occuper. Je peux te renvoyer vers mon article sur les 12 besoins fondamentaux de l'enfant : un enfant que fait-il lorsqu'il n'a pas faim, ni sommeil ? Il joue et jouer pour lui est un vrai travail comme pour nous qui allons en cours ou au travail.

      J'ai pu discuter aussi avec la PMI (Protection Maternelle et Infantile) qui m'indique que quand un enfant pleure c'est qu'il nous envoi un signal, à nous d'y répondre favorablement.

      Si l'enfant pleure dans son lit c'est que ce n'est pas le moment de dormir, ton amie à entierement raison de retourner le voir car elle répond à son instinct maternel et ça personne ne pourra rien y faire car c'est un instinct que seul les mamans ont avec leur bébé.

      Tu me fais trop rire avec ton congelo et ta sauce barbecue et tu peux avoir raison de vouloir les manger tout cru hihi.

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  4. J'adore ton article... Même si par répétition je fais certaines des mauvaises actions... Je suis tout à fait d'accord avec toi... Et j'essaie de m'améliorer...

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    1. Merci Sandra, merci pour ton commentaire et ton passage. Merci de m'avoir comprise. tu a su bien lire l'article comme il se doit car je sais que c'est un sujet sensible qui peut heurter certains parents et ne pas bien comprendre le message passé.
      Bisous et à bientôt

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  5. Ah... Les douces violences, vaste sujet abordé très souvent dans la petite enfance... Mais que beaucoup de parents devraient connaître également !! Quand je vois l’attitude de certains parents le soir, quand ils viennent récupérer leur enfant, j’ai parfois envie de m’arracher les cheveux !! La violence des mots est une chose à laquelle certains ne pensent absolument pas, et pourtant...
    Je reconnais que je suis loin d’être parfaite, mais c’est une chose à laquelle je vais attention au quotidien, comme ce matin, lorsque les bébés venus jouer un temps chez les moyens sont repartis dans leur section et qu’avant de soulever une petite fille qui rampait je lui ai dis « je suis derrière toi, n’ai pas peur j’en vais t’attraper » et elle s’est laissée faire avec le sourire ��

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    1. Merciiiiiii Anne-Laure !!! Merciiiii ! Effectivement c'est un sujet très vaste et sensible. C'est très beau, ce que tu as fait avec la petite fille qui rampait, j'ai adoré.
      Merci pour ton passage, pour ton anecdote et ton expérience.
      Bisous et à bientôt.

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